Les chiens et nous

mar, 03 2011

Pour info, nous sommes arrivés à Belgrade cet après-midi, après deux jours de tempête de neige (non, non, ça n’est pas une blague). On vous raconte tout très vite, mais en attendant, voilà un petit article rédigé hier. (Au fait, ne vous mettez pas la rate au court-bouillon, nous allons très bien !).

 

 

Les chiens, j’aimais bien. Petite, c’était même une véritable passion. Je passais ma vie dans leur panier, à jouer avec eux. Ma marraine m’avait offert l’encyclopédie du chien qui détaillait à peu près toutes les races existantes. Combien d’heures j’ai pu passer le nez dans ce bouquin ! Je le connaissais par coeur.

Mais les chiens que nous croisons sur la route, je ne les ai jamais vus dans cette encyclopédie… Courts sur pattes, souvent noirs ou roux, au profil de mauvais teckels obèses, les oreilles généralement pointus et la queue remontée sur le dos, ils ne ressemblent jamais mais sont semblables dans leur laideur.

Ils se promènent généralement en bande de 3-4, mais on croise aussi des solitaires. Certains se baladent sagement dans les rues, d’autres errent en pleine campagne. Ce sont eux, en général, qui nous posent problème !

Ici, en Serbie, comme tout est recouvert de neige, nous les repérons de loin ; petites tâches noires dans les champs qui commencent à trotter à notre vue, et à aboyer lorsqu’ils se rapprochent.

Ces saletés courrent vite et adorent visiblement nous courser. Certains par jeux, d’autres par aggressivité naturelle, et d’autres encore, à mon avis, sont affamés et espèrent que nous leur lâchions quelque chose à se mettre sous les crocs. Ainsi, ce matin, deux jeunes chiens nous ont suivi sur 5 kilomètres ! Heureusement, ils n’étaient pas féroces. Mais nous essayions tout de même de les semer… Et ça n’est pas une mince affaire lorsque vous avez le vent de face et que votre pointe de vitesse n’excède pas 8km/h ! Ah ça, ça vous fait travailler les mollets ! Vous tentez de pédaler encore plus vite. Et Ô joie, une descente se dessine. Vous culminez alors à un incroyable 10km/h et créez une distance avec les roquets… Vous soufflez un peu, mais dans la montée, ces affreux corniauds ont de l’energie à revendre et vous rattrapent. Alors là, que faire ?

Nous avons entendu beaucoup de théories pour se débarrasser des chiens errants.

La première dont je me suis rappelée, c’est « le coup du bidon ». Vous prenez votre bidon rempli d’eau et vous leur balancez quelques jets, histoire de les surprendre et de les décourager. J’ai donc tenté cette technique numéro 1… qui ne fonctionne pas par -2°C ! (Cf. vos cours de physique, niveau CE2).

Les affreux saucissons sur pattes sont donc toujours à vos trousses, la bave aux lèvres… Nous tentons donc la technique numéro 2 : aboyer plus fort qu’eux ! Nous voilà donc tous les deux à hurler comme des putois. Ne nous abaissant pas à crier « ouaf ouaf » (nous avons une dignité tout de même), nous hurlons des « cassez-vous » le plus fort possible… ce qui ne leur fait ni chaud ni froid !

Marc tente alors la technique dite « du fourbe ». Il s’agit de rouler de l’autre côté de la route afin des les y attirer. Puis, lorsqu’une voiture arrive, se rabattre violemment sur la bonne file, espérant que les horribles clébards soient trop lents pour faire de même, et se fassent alors lamentablement écraser par le véhicule. Une info sur les chiens : ils sont rapides… au moins autant que nous en tout les cas. La technique du fourbe tombe à l’eau.

Nous avons évidemment tenté d’autres choses : leur donner des coups de pieds (manoeuvre fortement casse-gueule, à éviter), leur faire « pshitt » (une technique très personnelle de Marc qui aurait plutôt tendance à les exciter), le coup « du regard » (une autre technique de Marc consistant à regarder le molosse très méchamment dans les yeux… bon), la technique de la vitesse que j’accompagne d’un fort « Fonce, fonc, mais putain fooooonce » (mais comme je le disais plus haut, totalement illusoire dans une côte avec un vent de face)…

Bref, comme vous le voyez, nous ne manquons pas d’imagination, mais tout cela est vain… Heureusement, Marc a trouvé une solution provisoire mais efficace à ce problème. Ingénieux et joueur comme vous le connaissez, il a inventé la technique de la boule de neige. A bout de nerf, vous finissez par vous arrêtez, par descendre de vélo, et par balancer une grosse boule de neige à la tête du bâtard. Une ne suffisant pas, vous le canardez en l’insultant grassement. Et miracle… le chien fait demi-tour ! Vos mollets sont sauvés, ainsi que votre honneur. Et en plus, vous vous êtes payé une petite bataille de boule de neige divertissante ! La technique parfaite…

Il nous faudra quand même trouver une solution alternative pour le cas où il n’y aurait pas de neige (un jour peut-être…) ou bien si le chien est tellement féroce qu’il ne donne pas du tout envie de s’arrêter une seconde. Nous avons donc, pour mission, à Belgrade, de nous procurer un outil anti-chien. Cravache ? Matraque téléscopique ? Sifflet à ultra-sons ? Si vous avez un conseil, nous sommes preneurs ! Parce que les chiens, j’aime plus du tout…

Camille, qui a été jusqu’à souhaiter avoir un flingue sous la main pour refroidir ces bestioles. C’est vous dire…

Attachez vos ceintures !

mar, 01 2011

Je lis, ici ou là, « l’aventure va commencer », « on a hâte de lire la suite des aventures », etc. Je sens qu’il vous manque du suspens, du costaud, du violent.

J’ai conscience que les récits de voyage sont basés avant tout sur les galères d’une part et la découverte truculente d’autre part, avec des anecdotes croustillantes du type « ah, j’ai cru commander un steak frites au resto mais comme je ne comprenais rien à la carte, on m’a servi du mou de porc frit ». Alors c’est sûr que nous n’avons pas encore vécu L’Aventure Incroyable du voyage, celle qui marque le voyage et les voyageurs à tout jamais. Mais on vit tous les jours des petites misères, des petites Philippe-Delermeries négatives du voyageur. Et je vous le prouve en 3 exemples, qui je l’espère, combleront votre soif de sang.

L’attaque des chiens fous

En Serbie, dès qu’on entre, nous rencontrons des Serbes, en grande majorité très chaleureux. Et il y a aussi des hordes de chiens sauvages, qui se font un malin plaisir de vouloir venir me croquer les tibias. Je suis passé à deux doigts de la chute, et donc de la moooort, coursé par ces vilaines bêtes. Camille, face à ces bêtes furieuses, sait rester zen : elle a grandi en compagnie d’animaux semblables. De mon côté, je n’ai connu qu’un hamster, à qui je faisais faire du trampoline sur ma couette (c’est simple: vous mettez le hamster au centre de la couette et à deux, vous tirez les 4 coins de la couette, le hamster fait alors un saut incroyable. Ce n’est pas dangereux. Sauf si l’animal touche le plafond). Bref, je ne suis pas serein devant ces animaux. Et ça m’ennuie, car il paraît que la Roumanie est truffée de molosses.

La glissade fatale

Sombor, Serbie, le 28 février à 8h30 environ. Camille se promène sur la place du marché, le soleil brille, la journée s’annonce belle. Sauf qu’en Serbie, on ne gâche pas le sel pour faire fondre la glace. Les trottoirs et les routes sont donc de véritables patinoires. Tout d’un coup, patatra, Camille chute. La chute aurait pu se révéler anodine, sauf que notre pauvre aventurière a réalisé une figure étonnante et risquée : elle a réussi à tomber de dos sur son vélo et à se cogner violemment contre sa pédale. Ça n’a l’air de rien, mais elle aurait pu se faire sacrément mal, si la colonne avait été touchée. Elle est passée à quelques centimètres de la paralysie. Quelle vie dangereuse nous menons !

Le SALAMI !

Alors là, je préfère prévenir : âme sensible s’abstenir, les enfants doivent être tenus hors de portée de l’écran.

Les fidèles lecteurs se souviennent certainement du mouvement SAUCISSE (pour les étourdis, un rappel ici). Celui-ci vient de se transformer soudainement en mouvement SALAMI: Sauvez L’Ami Marc Immédiatement. Je suis parti de Paris il y a quelques semaines avec un poids de forme de 78 kgs, ce qui me classait plus dans la catégorie « Haricot vert sans beurre » que « A trop mangé de chocolat à Noël ». Oui, mais voilà, depuis notre départ, je vis un drame sournois : la perte de poids ! Je pense être raisonnablement passé sous les 75 kgs. Côtes apparentes, jambes de gazelle (…), perte de pantalon. C’est un cauchemar et je ne sais pas quand cela va s’arrêter ! Mon seul réconfort ? Je me dis que je vais peut-être paraître moins appétissant pour les furieuses bêtes sauvages roumaines !

Alors, qui osera dire désormais que notre aventure « va bientôt commencer »? Si l’Aventure est l’accumulation de menaces plus ou moins maîtrisées, alors nous y sommes au coeur !

Blague à part, ne croyez pas tout ce que vous lisez ou voyez : les mots et les images sont trompeurs !

Nous sommes ce soir à Novi Sad, après une étape croate à Vukovar, ville bombardée pendant la guerre serbo-croate, et demain à Belgrade (sauf si je suis mangé par un caniche d’ici là) et après, après…qui sait ?

Marc

PS : merci à vous, « Inconnu-e-s » qui nous envoyez des messages de soutien. On ne se connait pas mais vos messages, de Bretagne, de Marseille ou d’ailleurs, nous sont très agréables à lire !

Le printemps n’est pas encore là…

L’autre Hongrie

fév, 27 2011

 

Nous vous avions laissés à Budapest, ville ô combien romantique et cosmopolite. Mais il est fini le temps des grandes capitales européennes ! Fini le temps où le voyage était connu d’avance…

Et dès notre départ de Budapest,nous l’avons bien compris !

Pour commencer, notre nouvelle carte du Donau-Radweg s’est avérée quelque peu facétieuse. C’est vrai que c’est amusant de visiter une zone industrielle déserte… Mais quand on tombe sur le gardien, un gros malabar en tenue kaki, on se dit que bon, ce n’est peut-être pas vraiment le moment de faire ami-ami avec la population locale…

Après quelques petites erreurs de ce type (et la visite des lieux les plus underground de Budapest), nous avons eu l’immense plaisir de parcourir 30 kms d’agglomération budapestoise. Je ne saurai dire ce que nous avons préféré… Le trafic, les maisons grises et moches, l’agglutinement de Tesco et autres hypermarchés ouverts 24/24h (mais qui va acheter son pack de lait à 4h du mat ? Qui ???)…

Nous avons fini par sortir de cette affreuse banlieue pour retrouver la campagne et le Danube, enfin ! Mais là, c’est le terrain qui nous joue des tours. Bitume datant de l’ère soviétique, chemin de sable criblé de nids de poule, piste cyclable se terminant par 2 kms de boue bien fraîche et bien collante… Un régal ! Ah oui, j’ai oublié de parler de la neige qui a commencé à tomber entre temps…

Le point d’orgue de la journée aura quand même été cette belle surprise à l’embarcadère où nous étions censé prendre le bac pour rejoindre l’autre rive… Point de bac !

Bref, jusqu’à 16h, cette journée était sans consteste la pire de toutes ! Puis nous sommes arrivés dans un petit village. Tentant de trouver un hébergement, nous nous dirigeons vers la bibliothèque, espérant trouver de l’aide. Marc entre pour interroger la bibliothécaire. Et pendant ce temps, une petite troupe d’enfants sortis de je-ne-sais-où vient m’encercler. Ils ne parlent qu’hongrois évidemment, et gloussent lorsque je leur parle en français. J’arrive à leur faire comprendre que nous venons de Paris en vélo et que nous avons déjà parcouru plus de 2 000 km… Ils nous prennent pour des fous ! L’un d’entre eux sort un dictionnaire magyar-français, et je reste interloquée par le choix des mots qu’ils recherchent : « consistance », « reddition », « bulbeux »… Je doute que ça leur resserve un jour ! Marc revient, nous prenons une photo, ce qui a le dont de les surexciter, puis nous partons à l’hôtel qui nous a été indiqué. Au final, cette journée aura été sauvée par cette bande de gamins sympathiques !

Le lendemain matin, nous avons découvert un autre visage de la Hongrie. A l’épicerie où nous sommes allés chercher notre petit déjeuner, nous avons rencontré toute la société locale. Chacun vient avec son vélo, le moyen de transport numéro un. Il sert d’ailleurs à transporter toute sorte de choses : les courses bien entendu, mais aussi des bouteilles de gaz, des sacs de céréales ou que sais-je encore…

Les babouchkas profitent de cette agitation pour venir faire un brin de causette. Bottes fourrées, blouse fleurie et indispensable fichu sur la tête, elles sont toutes frippées et toutes mignonnes ! En quittant la ville, enfin, nous tombons sur notre première calèche à cheval. Un papi et deux de ses petits-enfants se laissent mener tranquillement par un vieux canasson visiblement endormi… Nous sommes loin !

La suite de la route hongroise a été un peu monotone car nous avons été obligés de suivre une « grosse » route, les pistes cyclables étant impraticables. Et ce soir, nous sommes arrivés en Serbie, à Sombor. 5ème frontière. 6ème pays… et 1er tampon sur le passeport !

 Camille.

PS : on voulait vous mettre qqs photos, mais le WiFi serbe ne veut pas…

Budapest

fév, 25 2011

J’aime la façon dont nous avons abordé Budapest.
Après deux grosses étapes (respectivement 115 et 110 km) dans le froid et, pour une grande partie, sous la neige ; nous avions envie de nous poser… Voire même de nous « smoother » comme le dirait si bien Marc !

Nous sommes donc arrivés hier en milieu de journée, après avoir fait un saut à Szentendre, LE village touristique aux abords de la capitale… mais plutôt mort en ce froid mois de février !
Malgré l’état parfois calamiteux de la piste cyclable (du à une récente crue du Danube ?), nous avons pénétré dans la ville et avons retrouvé notre hôte à son bureau, place du Parlement (rien de moins !). Hugo, ami de Marie-Sophie, est en VIA au service économique de l’ambassade de France et nous loge pour deux nuits, dans son appartement du XIIIème arrondissement, côté Pest. Nous récupérons donc les clés et allons nous installer tranquillement à l’appartement.

L’avantage, avec Budapest, est que nous y sommes déjà allés, chacun de notre côté. Nous connaissons donc déjà les « incontournables » et n’avons aucune pression pour aller voir les « centres d’intérêt 3 étoiles » du Guide du Routard (que nous n’avons évidemment ni lu, ni emporté… question de religion !).
Une fois douchés et reposés, nous nous balladons dans la rue piétonne Vaci et sur la place Vörösmarty, histoire de s’offir un goûter chez Gerbeaud, la plus ancienne et plus célèbre patisserie de la ville. Nous déambulons dans les rues, et admirons, à la nuit tombée, Buda illuminée.

Le soir, nous optons pour un bon plan conseillé par Steph : le Szimpla Kert, un immense bar installé dans une sorte de vieil immeuble d’habitaiton désaffecté. 100% grungy-bobo-cool… On adore (of course !).

En rentrant à l’appart, nous faisons la connaissance de Julcsi, la copine hongroise d’Hugo qui parle un français impeccable !

Ce matin, nous avons commencé la journée par les Halles Centrales : un grand marché couvert, installé dans d’immenses halles construites par Gustave Eiffel. Comme vous l’aurez peut-être remarqué, nous avons un petit faible pour les marchés… Celui-ci a son charme, notamment grâce aux papis et mamis qui y boivent déjà leurs pintes ou leur coups de rouge dès 10h du matin !

Après quelques emplettes nécessaires (nourriture, cartes, etc.), nous retournons déjeuner à l’appart. Puis, nous allons prendre un bain dans les thermes de l’hotel Gellert, côté Buda. Le décor est hallucinant, totalement art déco, désuet et charmant ! Nous n’y restons pas des heures (juste assez pour cuire à 70° C dans un sauna, et pour découvrir que la pudeur n’est pas un problème hongrois), et resortons nous ballader de ce côté du fleuve.

En rentrant, nous découvrons par hasard un bar-resto qui nous plaît bien. Super-retro et régressif, il est décoré de mobilier 60′s et de jouets de la même époque. Un dîner et deux bières chacun plus tard (soit un litre, nous sommes dans l’est !), nous rentrons à la maison pour notre dernière nuit budapetoise… 

Moi qui avais gardé le souvenir d’une ville grise, je repartirai avec en mémoire une ville magnifique, à la fois grandiose et chaleureuse. J’ai d’ailleurs, par hasard, trouvé les mots qui correspondent plutôt bien à mon impression, par rapport à notre visite de Vienne : « Budapest est la plus belle ville du Danube ; savante auto-mise en scène, comme Vienne, mais avec un contenu plus substantiel et une vitalité qui fait défaut à sa rivale autrichienne ». C’est de Claudio Magris, un écrivain et journaliste italien (merci Wiki !).

Camille.

PS : Et parce que ce soir, c’est la fête, les premières photos de notre périple hongrois sont là !

2.000 kms !

fév, 24 2011

Hier, nous étions le 23 février. Nous fétions donc le premier mois de notre voyage.

Hier, nous arrivions à Budapest, notre 3ème capitale, après avoir franchi 4 frontières.

Hier, nous franchissions notre 2.000 km, sous la neige, mais toujours avec le sourire !

Pour fêter ça, on vous redonne le lien de la vidéo des 1.000 km… en entier cette fois !

 

On vous laisse, on va prendre un bain à Buda !

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