Les chiens et nous
Pour info, nous sommes arrivés à Belgrade cet après-midi, après deux jours de tempête de neige (non, non, ça n’est pas une blague). On vous raconte tout très vite, mais en attendant, voilà un petit article rédigé hier. (Au fait, ne vous mettez pas la rate au court-bouillon, nous allons très bien !).
Les chiens, j’aimais bien. Petite, c’était même une véritable passion. Je passais ma vie dans leur panier, à jouer avec eux. Ma marraine m’avait offert l’encyclopédie du chien qui détaillait à peu près toutes les races existantes. Combien d’heures j’ai pu passer le nez dans ce bouquin ! Je le connaissais par coeur.
Mais les chiens que nous croisons sur la route, je ne les ai jamais vus dans cette encyclopédie… Courts sur pattes, souvent noirs ou roux, au profil de mauvais teckels obèses, les oreilles généralement pointus et la queue remontée sur le dos, ils ne ressemblent jamais mais sont semblables dans leur laideur.
Ils se promènent généralement en bande de 3-4, mais on croise aussi des solitaires. Certains se baladent sagement dans les rues, d’autres errent en pleine campagne. Ce sont eux, en général, qui nous posent problème !
Ici, en Serbie, comme tout est recouvert de neige, nous les repérons de loin ; petites tâches noires dans les champs qui commencent à trotter à notre vue, et à aboyer lorsqu’ils se rapprochent.
Ces saletés courrent vite et adorent visiblement nous courser. Certains par jeux, d’autres par aggressivité naturelle, et d’autres encore, à mon avis, sont affamés et espèrent que nous leur lâchions quelque chose à se mettre sous les crocs. Ainsi, ce matin, deux jeunes chiens nous ont suivi sur 5 kilomètres ! Heureusement, ils n’étaient pas féroces. Mais nous essayions tout de même de les semer… Et ça n’est pas une mince affaire lorsque vous avez le vent de face et que votre pointe de vitesse n’excède pas 8km/h ! Ah ça, ça vous fait travailler les mollets ! Vous tentez de pédaler encore plus vite. Et Ô joie, une descente se dessine. Vous culminez alors à un incroyable 10km/h et créez une distance avec les roquets… Vous soufflez un peu, mais dans la montée, ces affreux corniauds ont de l’energie à revendre et vous rattrapent. Alors là, que faire ?
Nous avons entendu beaucoup de théories pour se débarrasser des chiens errants.
La première dont je me suis rappelée, c’est « le coup du bidon ». Vous prenez votre bidon rempli d’eau et vous leur balancez quelques jets, histoire de les surprendre et de les décourager. J’ai donc tenté cette technique numéro 1… qui ne fonctionne pas par -2°C ! (Cf. vos cours de physique, niveau CE2).
Les affreux saucissons sur pattes sont donc toujours à vos trousses, la bave aux lèvres… Nous tentons donc la technique numéro 2 : aboyer plus fort qu’eux ! Nous voilà donc tous les deux à hurler comme des putois. Ne nous abaissant pas à crier « ouaf ouaf » (nous avons une dignité tout de même), nous hurlons des « cassez-vous » le plus fort possible… ce qui ne leur fait ni chaud ni froid !
Marc tente alors la technique dite « du fourbe ». Il s’agit de rouler de l’autre côté de la route afin des les y attirer. Puis, lorsqu’une voiture arrive, se rabattre violemment sur la bonne file, espérant que les horribles clébards soient trop lents pour faire de même, et se fassent alors lamentablement écraser par le véhicule. Une info sur les chiens : ils sont rapides… au moins autant que nous en tout les cas. La technique du fourbe tombe à l’eau.
Nous avons évidemment tenté d’autres choses : leur donner des coups de pieds (manoeuvre fortement casse-gueule, à éviter), leur faire « pshitt » (une technique très personnelle de Marc qui aurait plutôt tendance à les exciter), le coup « du regard » (une autre technique de Marc consistant à regarder le molosse très méchamment dans les yeux… bon), la technique de la vitesse que j’accompagne d’un fort « Fonce, fonc, mais putain fooooonce » (mais comme je le disais plus haut, totalement illusoire dans une côte avec un vent de face)…
Bref, comme vous le voyez, nous ne manquons pas d’imagination, mais tout cela est vain… Heureusement, Marc a trouvé une solution provisoire mais efficace à ce problème. Ingénieux et joueur comme vous le connaissez, il a inventé la technique de la boule de neige. A bout de nerf, vous finissez par vous arrêtez, par descendre de vélo, et par balancer une grosse boule de neige à la tête du bâtard. Une ne suffisant pas, vous le canardez en l’insultant grassement. Et miracle… le chien fait demi-tour ! Vos mollets sont sauvés, ainsi que votre honneur. Et en plus, vous vous êtes payé une petite bataille de boule de neige divertissante ! La technique parfaite…
Il nous faudra quand même trouver une solution alternative pour le cas où il n’y aurait pas de neige (un jour peut-être…) ou bien si le chien est tellement féroce qu’il ne donne pas du tout envie de s’arrêter une seconde. Nous avons donc, pour mission, à Belgrade, de nous procurer un outil anti-chien. Cravache ? Matraque téléscopique ? Sifflet à ultra-sons ? Si vous avez un conseil, nous sommes preneurs ! Parce que les chiens, j’aime plus du tout…
Camille, qui a été jusqu’à souhaiter avoir un flingue sous la main pour refroidir ces bestioles. C’est vous dire…