Serbie avec accompagnement
Article écrit hier, d’un hotel miteux de Negotin, notre dernière ville serbe. Nous sommes ce soir en Bulgarie… L’album de Serbie a été enrichi de quelques photos, cliquez ici.
Comme le disait Camille il y a quelques jours, nous avons quitté Belgrade bien accompagnés. Des rencontres de quelques jours, de quelques heures ou souvent de quelques minutes , mais qui toutes s’unissent dans mon esprit pour ne former qu’un sentiment général : en Serbie, nous nous sommes sentis accompagnés. Nos compagnons de route ont été omniprésents et très divers.
Il y a eu tout d’abord l’épisode « Lassie, chien (trop) fidèle et aux crocs trop aiguisés pour que nous engagions une relation de confiance ». Heureusement vos nombreux conseils et un peu d’expérience au fil des kilomètres nous ont appris à maîtriser les molosses (pourvu que ça dure…). Notre conclusion : quand vous êtes face à un monstre assoiffé de sang chaud, la meilleure stratégie est de lui montrer que le votre est froid et de rester bien en face de lui, pour lui montrer que si l’Homme a su inventer le presse-agrume électrique et la Renault Fuego (Ô merveilleux XXème siècle…), ce n’est pas un animal, une créature aussi peu évoluée qui va lui faire…perdre les pédales. Non mais!
D’un simple regard, nous arrivons désormais à transformer un molosse en peluche !
A nos côtés, il y a évidemment eu les Serbes, sympathiques, vraiment chaleureux, toujours un bras levé ou un klaxon enfoncé pour nous encourager. Nous avons eu des « Welcome in…[nom d'un petit village avec 5 consonnes et une voyelle]« , des « Guten Tag! », « Hello », « Dobardan » à foison, j’ai eu le droit à un baiser envoyé de la main par une fillette souriante, un automobiliste n’a pas hésité à se mettre en travers de la route pour nous demander si nous avions besoin d’aide. Même les policiers nous ont souvent salués ou aidés. J’aimerai croire que cela nous arrivera dans tous les pays que nous traverserons ! On nous a offert des cafés, des limonades et des…rillettes de poisson (du Danube!). C’est le premier pays où nous recevons un tel accueil ! Vivement la suite !
Les rencontres commencent sur la route, et se finissent parfois dans une boutique de cycles, autour d’un verre !
Pour ne pas être en reste, les éléments naturels ont toujours cherché à attirer notre attention pour nous signifier leur présence. Pour cela, ils nous ont donc joué quelques tours que le lecteur pourra qualifier d’amusants, d’inquiétants ou de carrément pénibles selon son degré d’empathie. Il y a 3 jours, nous avons eu la joie de voir nos premiers rayons du soleil depuis…l’origine du monde nous a-t-il semblé ! Nous sortons alors rapidement tout notre équipement : lunettes noires, crème, sourires éclatants et sentence définitive « Ah la Serbie, c’est vraiment géééénial, le printemps est là, c’est top ! ». Deux heures après, les lunettes me servent à éviter d’avoir des flocons dans les yeux !! Nous rejouons alors la scène tournée avant Belgrade « Transforme-toi en bonhomme de neige et fais rire les automobilistes ». Changement de tenue : double paire de gants, cagoule, moustache gelée et nouvelle sentence définitive « Ah la Serbie, c’est vraiment horrible, l’hiver est encore là, c’est affreux ! ». Oui, en montagne (celle qui longe le fleuve), le temps change vite. A vélo, l’humeur aussi. Le plus incroyable ? Nous retrouverons le soleil dans l’après-midi…avant de finir la journée sous une nouvelle tempête de neige ! Jamais vu ça.
Vive les changements climatiques !
Enfin, celui qui nous aura suivi (non, non, ce n’est pas l’inverse : c’est bien LUI qui nous a suivi) tout le long de notre périple serbe est évidemment notre fil d’Ariane liquide, le Danube. Ces derniers jours, nous l’aurons vu alternativement marron, vert, bleu. Calme, bouillonnant ou moutonneux. Rectiligne ou tortueux, bordé de plaines ou de montagnes enneigées tombant à pic dans son lit, notamment dans le parc national de la Porte de Fer, le plus beau tronçon, et de loin, que nous ayons vu. A 500 kms près, nous ne verrons pas son delta car nous allons bifurquer rapidement vers le Sud de la Bulgarie, après avoir suivi son cours pendant plus de 1500 kms (de Linz, Autriche, à Ruse, Roumanie, environ) mais l’expérience aura été digne d’intérêt.
Le Danube, la neige, le ciel bleu : la Serbie (et aussi un peu la Roumanie, là, sur la gauche)
Nous quittons la Serbie demain (NDLR : ce matin), après 10 jours dans le pays, alors qu’à l’origine de l’itinéraire, nous avions envisagé de la contourner : Diable, cela aurait réellement été une erreur car nous n’aurions découvert ni l’ajvar (une purée de poivron excellente dont nous raffolons), ni le burek (un feuilleté au fromage ou à la viande que l’on déguste au petit déjeuner), ni la Niksicko (une bonne bière brune du Monténégro, que j’aurai allègrement pu ajouter à la liste des éléments nous ayant suivi pendant la traversée du pays…et dont Camille ne peut plus se passer, ce qui devient partiellement problématique), ni enfin les soupes de poissons, tendance bouillabaisse, dont le prix oscille entre 1€ et 1€60, et qui vous réchauffe un cycliste plus agréablement qu’une course contre les animaux et les éléments, vent ou neige de face !
Et maintenant…Bulgarie, nous voici !
Marc
PS : nous postons les articles par « paquet » parfois. Peut-être n’avez-vous pas lu celui qui est juste en dessous, là.