Et au milieu coule une rivière
Le 23 janvier, nous avons quitté Paris. Je ne reviens pas sur les émotions vécues lors de cette journée, mais elles ont été fortes et nous ont réellement portés les premiers jours ! Le 23 mars, deux mois après le départ, il est temps de tirer un petit bilan de notre premiers milliers de kms, de l’hiver…et de l’Europe (politique et économique au moins), car nous venons tout juste d’entrer en Turquie (article posté de Kirklareli) !
Soyons terre à terre et commençons par le matériel. A l’exception d’un jerrican pliable complètement nul et troué à 3 endroits avant même sa première utilisation, nous n’avons eu que des satisfactions. J’ai notamment un faible pour mon pantalon de pluie, souple, léger et réellement imperméable. Certes, je l’ai d’avantage utilisé que…mon merveilleux slip de bain par exemple, j’ai donc plus d’affinités avec lui. Je rends donc hommage à la marque Vaude (ce n’est même pas un sponsor!) pour avoir créé ce bel objet.
Les vélos nous ont permis de faire les premiers 3000 kms et des poussières, sans gros souci. Les vitesses auront besoin d’un check-up par un pro à Istanbul mais dans l’ensemble, rien à signaler. Un entretien quotidien est clairement nécessaire et devient obligatoire les jours de pluie ou de neige…
Ah si quand même : le pneu avant de Camille, de fabrication allemande (un Schwalbe Marathon) n’aura pas vu les frontières de l’Europe. Il s’est déchiré dans une forêt bulgare hier et a fait explosé la chambre à air avec un bruit de détonation impressionnant ! RIP. Heureusement, après une journée à rouler avec un pneu « patché », nous avons trouvé un pneu de rechange provisoire à Kirklareli. A 5€ pièce, nous espérons qu’il suffira à faire les 200km nous séparant d’Istanbul.
Les hébergerments ont été très divers mais presque toujours de bonnes surprises ! Entre la famille, les amis, les amis d’amis, les « Warmshowers », les églises ou mairies qui nous ouvrent leurs portes, les premiers bivouacs, chaque soir nous a apporté son lot de nouveautés, brisant l’éventuelle routine que nous aurions pu ressentir dans la journée (je pense à quelques journées le long du Danube). J’ai conscience que nous venons de terminer l’introduction de notre voyage, la partie « facile » (grâce à la culture européenne presque commune à tous les pays traversés), mais j’espère que la suite nous déstabilisera encore plus justement, et nous proposera des options encore plus incroyables !
L’alimentation a également été « facile », tant en goût qu’en approvisionnement. Nous avons déjà fait quelques heureuses (re)découvertes (l’ajvar serbe ou les knödels autrichiens) et saturé sur certains aliments (le salami…). Le passage en Turquie puis l’Asie centrale devrait également nous permettre d’être un peu plus déstabilisés…Cela dit, plus généralement, la première leçon que j’ai apprise pendant ce (début de) voyage est : « No expectation on the road », « Pas d’attente précise sur la route ». Il faut savoir se laisser porter, ne rien espérer et…avoir les sens en alerte !
Le trajet en tant que tel nous a réservé de très beaux moments (la Bavière notamment) et d’autres plus compliqués (une partie de la Serbie ?) mais je dois dire qu’avoir le choix d’aller à gauche ou à droite quand on aborde un carrefour ou la mer Noire, c’est très plaisant…
Les cyclistes ! Pfff, que dire ! Bonheur ? Joie ? Tout cela me semble bien fade. Malgré le froid, les chutes, la neige, l’effort, les chiens serbes, les montagnes, ces deux premiers mois n’ont été que PLAISIR. L’autre jour, dans l’ascension d’un col à peu près aussi effrayant que celui des chemises que portait François Morel dans les Deschiens (c’est-à-dire affreux pour certains et pas dénué d’un certain charme pour d’autres), dans l’ascension d’un col donc, pendant cette montée sinueuse mais douce, boisée et humide, j’ai soudain eu comme une décharge. Une décharge d’ondes positives, un sentiment de plénitude où le corps se sent invincible et où l’esprit se dit « je comprends pourquoi je suis là ». Je ne sais pas si vous voyez de quoi je parle, mais finalement peu importe : je suis juste en train d’essayer de vous transmettre certaines de ces ondes positives, de cette énergie que nous accumulons sur la route !
Quand le soir, après une journée dehors, donc forcément vivifiante (!), nous allumons l’ordinateur et que nous voyons des commentaires, sur le blog, sur facebook ou dans nos messageries, non seulement cela nous fait plaisir, simplement, mais surtout ça nous donne l’envie d’aller plus loin, d’écrire ce que nous voyons, ce que nous vivons. Même si cette aventure est avant tout personnelle, elle s’enrichit grâce à ces lecteurs et ces commentateurs. Si, si, je vous le promets. Encore un grand MERCI et…un dernier mot, pour la Route : la vie est courte et belle, alors souriez !!
Encore une belle rencontre sur la route…
Et l’album-photo de Bulgarie complété !
Marc