Les yeux plus gros que le ventre
Depuis notre entrée en Ouzbékistan, nous faisions de longues journées de route. Souvent plus de 100 km par jour, afin de…trouver de l’eau ou de la nourriture, et rapidement sortir des déserts.
Le désert. Simple, sauvage, chaud, magnifique. Le désert, quoi !
Récemment, nous avions également décidé de modifier nos horaires pour échapper aux fortes chaleurs : lever à 5h, départ à 6h30, pour parfois jusqu’à 8h de route. Le soir, quand nous constations notre progression sur la carte, nous nous congratulions.
Et sur la route, les automibilistes pouvaient voir deux cyclistes, filant comme le vent (dans le dos), arborant un large sourire, se croyant invincibles, s’imaginant rouler jusqu’à la lune.
Heureux, fiers…et naïfs !
La position, le regard vitreux : non, vraiment, on voit déjà des signes annonciateurs…
Sans s’en rendre compte (ou plutôt en fermant les yeux sur la situation), nous avons accumulé de la fatigue. Nous sentant invulnérables, nous avons également baissé un peu la garde sur l’hygiène alimentaire…Et ce qui devait arriver arriva !
Un matin, après une courte nuit dans le désert, nous partons le ventre peu rempli, en espérant trouver un boui-boui pour se restaurer. A 10h30, nous en trouvons un : merveilleux, nous allons pouvoir reprendre des forces ! Le seul « plat » disponible : oeufs et une sorte de salami frits. OK, banco, de toute façon, on commence à avoir l’habitude ! Ah, « trop sympa », la restauratrice nous a également mis des crudités…
A 13h, après avoir roulé 95 kms dans la matinée (ohh, les déglingos !), nous nous accordons une pause bien méritée. La chaleur coupe un peu l’appétit : nous nous contentons d’une boisson. Et puis, tiens, oui, pourquoi pas une pastèque, c’est tellement convivial à partager avec les routiers rigolards qui nous entourent.
A 14h30, je bouquine et passionné par mon bouquin, je ne regarde pas l’heure qui tourne…C’est seulement 30 minutes plus tard que je réalise que Camille a décidé d’aller bivouaquer dans un endroit où seules les mouches aiment habituellement à rester…
Ma pauvre Camille est au fond du gouffre, le bide en vrac, faible et incapable de se relever. Oui, mes amis, elle a attrapé LA maladie.
Tant bien que mal, elle revient sur les banquettes de notre « table » et s’allonge. Nous passons le reste de l’après-midi là, en espérant que ça aille mieux. En vain.
A 19h, afin de trouver un coin calme pour la nuit, Camille-courage et moi repartons dans le désert, où l’on se pose après 5 kms. La nuit n’est pas bonne et au matin, on comprend vite que les 120 km pour atteindre Bukhara, qui nous semblaient une broutille la veille au matin, ressemblent désormais à un long chemin de croix. On remballe le campement pour rejoindre la route et là, nous décidons de lever le pouce, en espérant qu’une bonne âme s’arrête. Et des bonnes âmes, il y en a en Ouzbékistan, mais à 7h du matin, la route n’est pas très fréquentée et toutes les bonnes âmes n’ont pas la place de prendre deux cyclistes et leurs chargements…Après une heure et demi d’attente, heureusement égayée par l’arrivée d’Ernest, un Suisse rencontré une semaine avant sur la route qui voyage…en scooter, un routier s’arrête et nous arrache au désert.
Camille, KO.
La route jusqu’à Boukhara, même en camion, est semée d’embuches (route en mauvaise état, barrage policier où le backchich est la seule façon de communiquer). Une fois arrivée dans la ville, nous remercions notre routier puis tournons un peu avant de trouver un hôtel où nous sommes bien heureux de nous poser car entre temps, j’ai de mon côté accusé un gros coup de fatigue qui me rend aussi KO.
Depuis, de rencontres en siestes, de repas léger en bonne nuit, nous sommes à nouveau sur nos jambes, sereins, mais déterminés à calmer un peu le rythme pour éviter la surchauffe ! Nous restons encore 48h à Boukara, puis aurons quelques jours de route pour Samarcande où nous avons également prévu une pause.
A bientôt !
Marc.
PS : dans les oreilles, pour moi (je laisse Cam donner sa version plus tard), la golden bande son 100% French, Thomas Fersen (notamment le très )à propos « Punaise ») et les live des Wampas et de NTM. Rien de tel pour donner de l’énergie !