Ella, elle l’a
Deux extraits de Croisières et caravanes, d’Ella Maillart
« Les affaires marchaient mal, me disait mon père, il me fallait penser à l’avenir.
Que pouvais-je répondre ? La vie pleine d’imprévus que j’avais menée si jeune me donnait un grand dégoût des occupations citadines. Plus j’y pensais, plus il me paraissait absurde de passer mes meilleures années dans des bureaux, à économiser de l’argent que je ne pourrais dépenser que quand j’aurais plus de cinquante ans et ne serais plus en âge de réaliser les rêves de ma jeunesse.
A cela, on me répondit que « je voulais faire de ma vie un loisir ininterrompu ». C’était une difficile et qui devait le rester des années durant : je repoussai le conseil de mon père, qui était de construire ma vie sur la base de la sécurité matérielle. Sécurité, situation, considération, ces termes n’avaient guère de signification pour moi. De même que ces autres mots : famille, religion, ils sonnaient creux ; et plus la réalité profonde qu’ils représentaient perdait son sens, plus on cherchait à les soutenir par toutes sortes d’explications. Il me fallait trouver autre chose. »
« […] Je donne ces détails non seulement parce que des jeunes gens m’ont souvent demandé : « comment avez-vous donc fait pour commencer ? », mais aussi parce j’ai souvent été agacée par ceux qui se plaignent en me disant : « Vous avez bien de la chance de voyager, de faire du bateau, de faire du ski. Moi je n’ai pas les moyens de mener une vie si agréable. » Ma réponse est que lorsqu’on vit très simplement et qu’on est prêt à accepter certaines privations, ce genre d’existence est loin d’être coûteux. Mon voyager de six dans le Turkestan m’a coûté soixante livres. La Perlette aussi ne coûta à Miette que soixante livres (le prix d’une petite voiture). Dans cette somme le logement est également inclus, cela vous évite loyer et impôts, frais de service et d’électricité, et pour les déplacements, on compte sur le vent qui ne coûte rien.
Le soleil, l’eau, le vent et l’amour sont encore gratuits, grâce à Dieu ! Mais si vous voulez voyager, soyez prêts à tout sacrifier à ce plaisir, et vous réussirez. Si vous ne voulez renoncer à rien, ne vous plaignez pas »
Marc.
A ce niveau intellectuel, aucun commentaire possible de ma part un vendredi après-midi de fin de semaine de M…
Aujourd’hui je renonce à tout et je me plains. Un point c’est tout !
Eheh, la semaine est finie, tant mieux!
Merci pour tes commentaires réguliers, même si c’est pour passer des coups de g…, c’est quand même sympa!
A+
marc