De Bakou à Aktau

La caravane
juin, 05 2011

Ça y est, nous voilà au Kazakhstan ! Mais y arriver n’a pas été simple… Entre attente et précipitation, le récit d’une traversée.

Au sujet de la traversée Baku-Aktau, nous avions lu le pire sur Internet. Bateau qui ne part jamais, billets introuvables, personnel irascible, rétention d’information, obligation de camper sur le port entre 2 et 12 jours jusqu’à ce que l’on accepte enfin de vous faire embarquer…

Heureusement, la Consule de France à Bakou nous avait transmis les coordonnées d’un mystérieux Idriss A., « un petit monsieur au bras long » pouvant nous aider.

Vendredi matin, alors que nous venons tout juste de récupérer nos pièces détachées (merci DHL, merci l’Ambassade de France), nous avons rendez-vous avec notre contact.

Effectivement petit, l’homme ne paye pas de mine avec sa chemisette, ses lunettes rondes et sa barbe taillée en collier… Il nous emmène dans un premier port, pour acheter les billets.

Là, des centaines de voitures occupent le parking, et une vingtaine d’hommes passablement énervés patientent devant un guitoune fermée. Zut ! Ils ne vendent pas de billets aujourd’hui !

Mais c’est mal connaître Idriss, qui nous dit détenir un « passe-partout »… qui s’avèrera être un passeport diplomatique. Ce document magique lui permet de se faire ouvrir la grille (qui se refermera aussitôt), et il disparaît pendant un bon moment.

Il revient, et nous chuchote avec un air conspirateur : « Vous partez aujourd’hui sur le Dagistan. C’est 175€ pour vous deux. L’argent, les passeports ». Nous avons l’impression d’être des passagers clandestins faisant appel à un passeur ! Nous lui confions argent et passeports et il s’éclipse de nouveau. Il ressort un peu plus tard, un enveloppe sous le bras, et nous fait signe de monter rapidement dans sa voiture. « Pas de vente de billets aujourd’hui. Mais les vôtres sont dans l’enveloppe. Les gars autour ne doivent pas les voir. On y va ! ». Un vrai roman noir !

Nous aussi, on a tiqué sur le nom du bateau. Mais on n’a pas posé de question…

Une fois les billets en poche, il faut connaître l’heure du départ. Nous nous rendons dans un second port. Là encore, il faut avoir le passeport magique pour parler à la bonne personne qui vous donnera la bonne info. Aucune chance sans Idriss Passe-Partout (surnom que nous n’avons pas mis longtemps à trouver). La réponse est sans appel : « Le bateau part bientôt, rentrez faire vos bagages et revenez embarquer au plus vite ». Déjà ??? Mais… nos vélos sont désossés, les bagages sont éparpillés partout dans la guest house. Et on n’a pas eu le temps de faire notre lessive. Et les provisions pour la traversée ? On n’a rien acheté ! Pas le temps de discuter !

Nous rentrons à l’hôtel. Dans la précipitation, Marc répare nos deux vélos. C’est sans filet, pas le droit de se planter : ils doivent pouvoir nous emmener au port ! De mon côté, je prépare les bagages et dévalise la superette d’en-bas : on nous a dit de prévoir des vivres pour 3 jours, au cas où.

Nous partons, Marc est un roi de la mécanique : les vélos roulent ! Je suis la reine des têtes de linotte : j’oublie quelques provisions dans le frigo…

Calme et rapidité : le roi de la mécanique à l’œuvre !

Au port, les hommes en uniforme qui nous ont vu plus tôt avec Idriss Passe-Partout nous laissent passer. Les douaniers sont plus que sympathiques. L’un d’entre va même jusqu’à me pincer la joue. On rêve ! Tampon de sortie de l’Azerbaïdjan. Et nous voilà sur le bateau ! Il est 15h. Nous confions nos vélos aux hommes qui gèrent la cale, qui n’oublient pas de nous réclamer un petit bakchich pour garantir la sécurité de nos vélos… Bienvenue en Asie Centrale !

Et là, commence l’attente. La loooonnnngue attente. Jugez par vous même : le Dagistan ne quittera le port qu’à… 2h du matin ! Le temps de charger un train entier, quelques dizaines de voitures ; et le temps d’attendre, parce que ça se fait. Un point c’est tout.

Vendredi 21h. Nous avons embarqué il y a 6h. Le soleil se couche. Le bateau reste à quai.

La traversée se passe bien. La bateau date un peu, les matelas sont plutôt suspects, certains passagers boivent un peu trop de vodka, mais globalement tout va bien. Arrivée prévue samedi soir à 23h.

Mais à cette heure-là, extinction des moteurs, largage de l’ancre. Nous jetons un œil dehors, et voyons de notre hublot le port d’Aktau, à moins de 10 km de là. Nous entamons donc notre seconde nuit à bord. Réveil en fanfare à 5h30 : il faut ranger les cabines, le bateau ne va pas tarder à entrer dans le port ! Pas tarder ? Il n’accostera qu’à 7h !

Mais là, pas question de quitter le navire. On attend de récupérer nos passeports. 4 heures plus tard, à 11h, nous posons enfin pied à terre. Mais encore, il faut attendre :

  • Attendre le bus qui doit nous emmener à la douane.
  • À la douane, attendre son tour pour avoir son tampon.
  • Après le tampon, attendre la fouille (j’en serai dispensée, tant mieux !).
  • Après la fouille, attendre le droit de retourner au bateau.
  • Une fois l’autorisation obtenue, attendre le monsieur qui doit nous accompagner au bateau.

Et après seulement, après ces heures et ces heures d’attente incompréhensible, nous récupérons les vélos, en bon état. Et nous pouvons pédaler vers Aktau. Il est 13h et nous avons embarqué 46 heures plus tôt, pour une traversée de 400 km environ… Liberté !!!

Enfin presque… Car à Aktau, il nous faudra nous enregistrer auprès de l’OVIR (le bureau de l’immigration) pour avoir le droit de circuler dans le pays. Oui, oui, c’est exactement ce à quoi sert un visa ; mais ici, on aime beaucoup les procédures. On aime les file d’attente. Et on aime les tampons encreurs ! Alors demain, dès l’ouverture, nous irons demander ce fameux tampon, pour enfin pouvoir aller rouler, direction Beyneu !

2 kg de riz, des cartes, un chapeau et beaucoup d’eau, on est prêt pour l’aventure !

Camille.

PS : Connexion Internet plus qu’aléatoire dans les prochains jours… Soyez patients !

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  1. Chambord Family

    Ca commence vraiment à sentir l’aventure !
    Bon courage pour l’attente … encore et les kilomètres à venir.
    On vous embrasse tous les 2 très fort.

  2. Lorène

    Quelle patience ! Et c’est tant mieux car j’ai l’impression qu’il va falloir en faire preuve avec tous les obstacles administratifs qui vous attendent ! Mais heureusement vous avez les bons filons !!
    Pour nous c’était WE de l’ascension à Nonant avec piscine et bains de soleil, plus escapade à Deauville chez des amis samedi car Stéphane participait à une régate ! Top !
    J’ai remis mon vélo en état et acheté un siège bébé, je me prépare à faire de petites promenades putéoliennes avec Timothée dans le dos ! C’est pas le Kazakhstan mais ça sera l’aventure quand même !!!!
    Bises

  3. Les Planches

    Et nous, tout le monde parti on se délecte avec la lecture de vos aventures !
    Bravo à Madame le Consul qui est d’une efficacité redoutable ! Pourvu que vous en trouviez un autre comme ça plus loin !
    Notre week-end ? Jardinage, barbecue, transat : Nul donc, mais vous nous avez manqué quand même !
    Bonne chance pour les jours qui suivent et pour la découverte d’un nouveau monde, on vous embrasse !

  4. Evelyne

    Des longs trajets, des heures d’attente il y en a même en France. Aujourd’hui rentrée du we de l’ascension, Julie a mis sept heures pour faire Le Merlerault-Boulogne : voiture, bus, train, metro. Pas mal!

    J’ai l’impression que pour vous c’est quand même le début de la GRANDE aventure!

    On vous embrasse bien fort.
    Evelyne

  5. Joss

    Salut les champions!
    Je n’ai pas reussi a savoir dans votre post si vous aviez pu voir la finale de RG. Non plus si vous avez vu la demi contre Djoko. Enfin le « Maitre » Roger nous a encore fait plaisir, meme si, meme si… ok j’ai compris que c’etait bien loin de vos preoccupations (le tour de France peut-etre? vous roulez a quoi vous? au bakchich? ouai c’est mieux pour la sante…).
    Sinon c’est bien de prendre le temps… 46 heures ca laisse le temps de penser,… et de rever!
    Allez bonne route!
    joss

  6. jb

    Ah, ça sent vraiment l’aventure là !! Le récit devient de plus en plus dépaysant pour nous :) Vu les photos, le climat a l’air bon, non ?
    A Barcelone ce WE, j’ai pensé à vous ;)

    Bonne route !

    JB

  7. Obrasil

    Je dois avouer que tout ceci me stresse au plus haut point; une de mes deux phobies un représentant de l’ordre en uniforme, armé, patibulaire ,et le summum, parlant une langue dont je ne connais pas un traitre mot ….. je vais en faire des cauchemars …..!!!

  8. jojo G

    Je vois que question mécanique ca a avancé depuis la place d’italie!

  9. muriel

    On dirait bien que le temps n’a plus la même consistance et que vous allez pratiquer la patience au quotidien…!Vous allez nous montrer et nous apprendre tant de choses encore maintenant que vous voilà de l’autre côté de l’eau.
    Nous sommes tous très impatients de repédaler avec vous, mais comme vous, nous allons apprendre la patience car les messages se feront peut-être plus rares. D’énormes pensées pour vous. Je vous embrasse.

  10. Xtine

    Hello, j’adore lire vos posts. J’apprends plein de truc que je place dans les soirées !!!! je rigole de vos aventures et à chaque fois je termine en me disant que vous êtes vraiment courageux, chanceux et je souhaite que ça continue comme ça !Bises à vous 2.
    Christine

  11. Gd Cousin B

    La classe internationale comme d’hab.
    Est ce q’uon pourra avoir une photo de votre passeprot avec tous les coup de tampon encreur, le vignettes, les traces de croissants des douaniers etc…?

    Coté méca ça à l’air de gérer. Xcellent !

    Perso j’ai attaqué le réglage de mon dérailleur la semaine derniere grace au petit lien que je vous avais envoyé … Euuuhhhh , c’était pas simple et je suis pas certain que mon vélo tienne le temps de la sortie vtt de demain (45km avec les furieux du club…).

    Force et Honneur
    B

  12. Yeah toute une histoire! Je suis moi-meme sur le point de prendre le meme ıtıneraıre… actuellement pres de Trabzon, j’hesıte encore a passer par l’Iran. Sı je passe par Bakou je demanderai au consulat les coordonnees de ce fameux Issa qui semble etre un atout extraordinaire! Merci pour le tuyau! Quelle est votre route pour la suite? Votre sıte est super chouette bonne route les amıbes

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